dimanche 12 juillet 2009

Columbo: Any Old Port in a Storm


alias: Quand le vin est tiré
1973
Saison 3, épisode 2

Cinéaste: Leo Penn
Comédiens : Peter Falk - Donald Pleasence - Julie Harris - George Gaynes

Notice Imdb



Encore un épisode de Columbo que j'ai vu mille fois et dont les défauts deviennent de plus en plus apparents. J'aimais beaucoup cette plongée dans le monde vinicole californien. En bon bordeluche, cet amour, cette dévotion au bon vin me parlent. Carsini (Donald Pleasence) devient criminel pour préserver l'excellence de son vignoble. Et je ne peux m'empêcher d'y déceler comme une circonstance atténuante. Ma foi, j'ai même la nette impression que Columbo n'est pas non plus exempt d'une certaine indulgence à l'égard du meurtrier.. Sans doute dans le cas du lieutenant s'agit-til plutôt d'une affinité culturelle, nationale. Ne dit-il pas à un moment qu'entre italiens il faut se serrer les coudes? Toujours est-il que rarement on aura vu un Columbo aussi proche de son "criminel". Au duel habituellement acharné, plein d'hypocrisie et d'acrimonie, le scénario a privilégié une relation très rare, un rapport d'amitié, n'ayons pas peur des mots puisque le final le démontre sans ombre : Columbo et Carsini trinquent ensemble avant d'aller au poste. Durant l'enquête, Carsini voit en Columbo un amusant petit italien, voulant renoué avec ses origines et parfaire une éducation latino-vinicole ratée. Une sorte de rapport de maître à élève se forge progressivement. Columbo semble vraiment se passionner. Même s'il manipule comme toutjours son suspect pour arriver à ses fins, il n'en demeure pas moins que son engouement parait sincère. Si les deux personnages finissent l'épisode en de si bons termes, c'est aussi parce que l'arrestation de Carsini lui est d'un certain secours. Il échappe ainsi à un sort qui lui faisait bien plus peur que la prison. Très rare dans la série qu'un personnage soit aussi soulagé d'être appréhendé!

Il faut à ce stade de la chronique souligner l'énorme part prise par Pleasence dans cette étrange relation que nouent les deux personnages. Il donne à son personnage une dimension sensible extrêmement riche et profonde. Je suis convaincu qu'il offre là une des plus subtiles et brillantes performances d'acteur de toute la série. C'est sûrement d'ailleurs là que réside l'essentiel de l'épisode à mon sens. Donald Pleasence est un acteur au jeu très sûr et qui sait merveilleusement jouer de son physique peu commun. Un crâne d'oeuf, un corps volontiers ramassé et surtout deux petites billes de verre bleues qui peuvent à la fois bercer et lacérer. Pas étonnant qu'on le retrouve parmi les "Blofeld" les plus réussis contre James Bond (On ne vit que deux fois). Ici il manie très bien son physique, avec un personnage à la fois italien par son père et anglais par sa mère, ce qui expliquerait son flegme difficilement maintenu, ses sautes d'humeur quand la passion prend le dessus sur les convenances ou bien encore ses pouffements de rire qu'il laisse échapper devant la candeur de Columbo ou bien quand le lieutenant le cueille par surprise et admiration. Entre rires et colères, Pleasence opère de finauds va-et-viens. Bravissimo.

Après un dithyrambe pareil, comment expliquer ma froideur? Ben oui, quel dommage que pareil personnage, que si innovante relation avec Columbo soient nantis d'une intrigue aussi faiblarde! Elle commet beaucoup trop d'erreur à mon goût. Le récit est émaillé de petits défauts qui à longue finissent par être trop voyants. D'abord le maquillage du crime en accident de plongée est trop long, alambiqué, en somme peu crédible. Ensuite, la résolution de l'enquête n'est pas géniale non plus, assez simpliste et comme presque tout l'épisode il est difficile d'y prendre totalement part, d'y croire vraiment. En effet, on ne peut imaginer qu'un collectionneur de vins si attentionné et passionné soit aussi tributaire d'une cave (peut-on lui donner ce nom?) aussi peu sûre.

En dehors de ce personnage, celui de la secrétaire est convenablement joué par Julie Harris.

Et pour les passionnés de série télé, on s'amusera à trouver ici quelques figures récurrentes de la télé américaine. Celle de Dana Elcar, que l'on connait mieux dans le rôle de Pete Thornton dans McGyver.

Vito Scotti qui joue souvent les français ou les italiens garçon de resto ou cuistot et que l'on retrouve dans pas moins de cinq autres Columbo (Candidat au crime - Le chant du cygne - Réaction négative - Jeu d'identité - Portrait d'un assassin).
Ici à droite:

J'ai beaucoup aimé la scène, très courte mais costaude d'humour simple avec Robert Donner dans le bar.

Une moustache célèbre, une tête très seventies qu'on a dû voir dans à peu près toutes les séries de l'époque, me dites-pas que vous ne connaissez pas Robert Walden.

Et puis George Gaynes dont on ne peut que se rappeller par exemple le rôle dans Tootsie aux côtés de Dustin Hoffman et qui ici s'essaie à un accent français à se décrocher la tour Eiffel. Notez la petite moustache.

A noter la détestable prestation boursouflée de Joyce Jillson.

A noter pour finir une réalisation d'une banalité effrayante parfois (les flous calamiteux pour les plans enchaînés). Que miseria!
Heureusement que Donald et Peter sont là.

2 commentaires:

  1. Cet episode me semble inspiré de l'assommoir d'Emile Zola. Adrian Carsini assomme son demi frère Rick avec une des coupes gagnées grace à sa brillante carriere d'oenologue. Son demi frère voulait vendre le vignoble aux freres Romano qui font un mauvais vin ! Voilà vingt ans à cultiver son vignoble detruits. Carsini devient fou ! L'image devient floue alors, Carsini prend la coupe de gauche, assomme son demi frere, et laisse tombée la coupe à l'envers. La partie basse se détache, il l'a remet à l'envers sur le socle qui retenais la coupe gagnée. Il ne reste plus de la coupe qu'une sorte de coupelle juste digne de contenir une piquette ou de l'absinthe comme dans l'assommoir de Zola ! L'assommoir est un cabaret populaire chez Zola, un instrument improviser pour assommer chez Columbo. Adrian Carsini dilapidé l'héritage de son père dans des bouteilles de grand crus, juste pour les admirer ou les déguster avec moderation. Coupeau dépense tout l'argent du menage chez Zola pour boire un mauvais vin à l'assommoir. Pris d'une crise de delirium Tremens il detruit la mercerie de sa femme qui etait le reve de sa vie .

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    1. Je n'ai pas trouvé d'anecdote faisant le lien entre le scénario de cet épisode et le roman de Zola, ce qui aurait pu tout à fait être si les scénaristes l'avaient revendiqué, cependant votre remarque n'en reste pas moins tout à fait pertinente. Après sans aller jusqu'à imaginer que les auteurs ont bel et bien lu Zola, il se peut également qu'étant donné l'universalité de la thématique, la ressemblance soit en fait juste due au hasard. Merci en tout cas pour votre commentaire qui met en lumière un aspect de l'épisode que je n'avais pas remarqué jusque là.

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