samedi 2 mars 2013

Cuillere zoulou



Cuillère Zoulou

Fin XIXe, début XXe

Artiste inconnu

Page de présentation de la cuillère zoulou du Musée du quai Branly



Je ne sais rien de cette sculpture. Mais alors rien de rien. Et quelque part, je ne regrette pas. Elle est présentée comme une cuillère zoulou. La photo permet mal d'évaluer sa taille, mais sachez qu'il ne s'agit sûrement pas d'une cuillère à soupe. Dans mes souvenirs (je suis allé au Louvre en août 2012) elle était à hauteur d'homme : 1m50, à 70... Servait-elle réellement à touiller quelque liquide dans un grand récipient? Honnêtement, je m'en cogne. Ce qui compte, c'est sa forme on ne peut plus sensuelle, l'émotion, la sensation extraordinaire que l'on ressent, quand on est face à elle.

Mais le débat est intéressant. Je me rappelle à ce propos un documentaire sur les arts premiers ou sur le musée du Quai Branly, dans lequel un anthropologue africain fermé d'esprit (pour un scientifique, ça la fout mal!) et peut-être un peu raciste (ce qui explique bien des choses) fustigeait les ambitions de la muséographie à l'européenne (y a-t-il une muséographie européenne?, c'est déjà un présupposé bien ambigu) et le sens même de l'existence du musée des arts premiers. En gros, je schématise, il réfutait même le terme d'art et le sens qu'on en donne en Europe. C'est sûrement là que j'ai subodoré un problème de vision raciste, parce qu'avouez qu'il n'y a pas plus con que de croire que l'art n'est pas universel.

C'est justement cette universalité, ce caractère trans-culturel qui permet d'envisager l'art sous toutes ses formes, toutes ses destinations d'objet. En ce qui me concerne, qu'un objet soit créé à des fins rituelles, religieuses, symboliques, agricoles, industrielles, individuelles, collectives, réflexives, humoristiques, mécaniques, philosophiques, que sais-je encore, n'a qu'une importance limitée, infime, quand l'art, la sensibilité à l'objet n'est en somme qu'une question d'intimité entre l'objet et celui qui l'éprouve, l'admire, le rencontre.

C'est la raison pour laquelle, je me fiche fondamentalement que cette cuillère soit destinée à faire la cuisine, à exprimer l'allégeance à quelque divinité, soit une représentation particulière ou un outil agricole. Je ne dis pas que je ne serais pas intéressé à connaitre l'identité originelle de cette cuillère, mais que cette connaissance n'aurait en fin de compte que très peu d'incidence sur l'émotion que j'ai ressentie en me trouvant face à elle.

D'ailleurs, sur le moment, je n'ai pas noté qu'elle était décrite comme une cuillère. Elle m'est apparue comme la forme très effilée, la plus pure, la plus simple, la plus naturelle et parlante de la féminité. C'est cette féminité que j'ai reçu en plein estomac. Oui, voilà, estomaqué par la finesse de la silhouette. Cette forme m'a ravi, m'a charmé. Les yeux hypnotisés par la beauté du geste qui a produit cette œuvre. Était-ce voulu, était-ce le hasard? Peu m'importe. Je doute personnellement que ce soit le fruit du hasard. M'enfin, quand bien même cela le serait, que l'objet resterait miraculeusement beau, et c'est tout.

Voilà pour ce que j'ai écrit avant de trouver quelques infos sur le net. L'objet est de 57 cm de hauteur. Comme quoi... la ligne de cette cuillère a allongé mon imagination.


3 commentaires:

  1. a beautiful spoon indeed.

    I can only write "noeuds nauséabonds" to you in French (mimetism ?)
    I therefore send you a copy of my mail to Winston. I am not showing off
    but the message deals with cinema and is not "STINKING" at all.

    here it is :

    http://brightlightsfilm.com/59/59bloodymama.php



    Hi Winston,
    I was so interested in the man Roger Corman that I managed to watch 13 of his films lately. I read the fascinating above mentioned essay on BLOODY MAMA, and just ordered the film from Amazon.

    I agree with you : THE HOUSE OF THE USHER is his best adaptation of Edgar Poe.
    The Surrealist dream of Winthrop is a marvellous creation.

    His first western (GUNSLINGLER) was interesting in several respects. The female fauna (sheriff, bar owner, dancers) had an unexpected exoticism, and in the end two lovers shooting at each other was another surprise. Males cut a poor figure in this visionary world (in spite of his expected charisma and splendid voice, Vincent Price generally suffers from a form of dementia which doesn’t restore
    the virility in tune with his high stature)

    BLOODY MAMA is not "the American Dream" but the "American Nightmare" from what I just read.
    Sigmund Freud might have written a beautiful sequel to his Oedipus Complex.

    Corman had a very interesting view on matriarchy. Jewish mothers are said to be castrators perhaps because religion prevented them to be incestuous …?

    I found in the mean time my attitude to faith and god splendidly expressed in the mouth of Marcello Mastroiani, interpreting THE STRANGER by VISCONTI, adapted from the novel of Albert Camus (good company).

    I sincerely weep for the milliard gullible, thronging Piazza San Pietro in Rome today.

    Best wishes

    Your spam writer,

    Roxane

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    1. You should write your own blog. Obviously, you've a lot of things to tell.

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    2. I wouldn't do that.
      I have hundreds of mails in English on hundreds of films. But it's not enough to write the book I have in mind.
      I should may be start with something rather short, which would be an embryo.
      Men versus women
      Among Men : Prometheans (Anthony Mann and the like) versus Villains (the palette is larger)
      Among Women : Amazons (Barbara Stanwyck, Bette Davis) versus Dolls (sex bombs like Marylin M), but the category is wider in scope.

      Right now I think to restrict myself to Western films: I 'd feel incapable of writing on
      Chinese or Japanese films. Too alien to the background.

      All best,

      Roxane

      I'm glad you were able to enjoy the essay on BLOODY MAMMA. Fat Shelley Winters in bed with adolescent De Niro, her son … C'est une page d'histoire.


      sadists,

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