vendredi 3 juillet 2015

Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil



1972

Titre francophone : Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil

Cinéaste: Jean Yanne
Comédiens: Jean Yanne - Bernard Blier - Michel Serrault - Daniel Prévost

Notice SC
Notice Imdb

Vu sur le net

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Dans mes souvenirs, je faisais la confusion entre ce film et celui de Christian Gion ("C'est dur pour tout le monde"). Les deux films sont presque identiques en critiquant ouvertement le monde médiatique. Bernard Blier
y joue à peu près le même rôle, celui d'un grand patron cynique. Dans les deux films, on pratique le test des produits avant publicité.

Bref, j'avais oublié la spécificité de celui-ci : le petit monde de la radio. Jean Yanne
connaît bien, il y est né pour ainsi dire. Il en connaît les coins et les recoins, même ceux où l'on cache les cadavres. Aussi cette satire du monde de la radio a-t-elle une portée non négligeable. En plus de mettre en lumière les hypocrisies mercantiles des décideurs politiques et économiques qui président aux hautes fonctions médiatiques, Yanne montre bien comment la sincérité et la vérité proclamées ne sont pas les vertus les mieux soutenues en réalité dans cet univers.

J'ai envie d'évoquer le "moralisme" de ce film, j'insiste. Jean Yanne, encore jeune et naïf sans doute, est le premier à mettre en avant le caractère révolutionnaire, jusqu'au dogmatisme, de son héros principal. Ce dernier en effet veut absolument faire une radio qui ne dit que la vérité à ses auditeurs et ne les prend jamais pour des cons. La mort récente de Charles Pasqua et les commentaires pour le moins faux-derches des journalistes démontrent qu'on est très loin de tout ça en réalité, aujourd'hui comme hier.

L'utopie du personnage est très vite malmenée par l'appât du gain et le succès de cette "nouvelle radio". "Vous me dégoûtez!", dit-il. Il est bien question de dégoût. La pureté d'intentions du personnage donquichottonesque apparaît au final au mieux comme une lubie, une ineptie partagée avec aucun autre. Le monde est ainsi fait qu'il est beau et gentil dans un leitmotiv, plutôt un slogan en l'occurrence, auquel la société de consommation entend s'enchaîner.

La fable est féroce, sans trop de concession et a permis à Jean Yanne d'aiguiser en outre sa verve anti-religieuse. Les bondieuseries à la mode à l'époque sur Jésus Christ Superstar ont tôt fait de faire suer l'humoriste pourfendeur de fariboles.

La critique lui permet aussi de livrer une belle définition de la vulgarité, que d'aucuns confondent avec la grossièreté, dans une scène mémorable où l'excellent Jacques François
en prend pour son grade. La saillie peut être jugée facile, mais pour ceux qui en partagent la philosophie, elle est avant tout succulente. Et puis on imagine que c'est là aussi une antienne qu'il a dû entendre claironner maintes fois à son encontre.

Du point de vue cinématographique, le film n'est pas laid, mais n'invente rien non plus. A la rigueur, on pourrait dire qu'il se contente du service minimum. Dans une récente critique sur "Deux heures moins le quart...", je disais que Jean Yanne mettait en scène et dirigeait ses acteurs avec une certaine paresse. J'ai quand même le sentiment que c'est récurrent, car sur ce film réussi dans l'ensemble, on sent que la direction dans le jeu et la mise en scène sont minimalistes. Certaines séquences paraissent improvisées. Cela peut passer encore pour de la liberté de ton, mais si l'on veut être sévère, on ne serait pas loin de trouver un air de je m'en foutisme à cette direction.

Il y a deux ou trois scènes auxquelles cela va bien, qui sont très bien amenées grâce à cette nonchalance plus ou moins consentie. J'ai un faible pour les sourires entendus échangés par un Jean Yanne goguenard et un Michel Serrault désabusé par la pièce de théâtre ridicule qu'il est en train de mettre en scène sans réelle conviction.

Je pense aussi à ce fameux tango christique de Ginette Garcin
 (je ne peux y résister) ou bien les petits passages de l'obséquieux Daniel Prévost prêt à toutes les bassesses pour travailler à la radio.

A noter que l'association Jean Yanne / Michel Magne donne une bande originale très vivante, pleine de couleurs . J'aime particulièrement l'humour qui en découle. Mais elle est surtout pêchue, inventive. Elle est très ancrée par la musique de ces années-là, un air pop pas si parodique.

Sans doute cette satire est-elle très jouissive, même si elle manque d'un peu de rythme et d'un habillage cinématographique marquant. Elle est suffisamment grinçante pour paraître moderne et couillue de nos jours. Je l'aime bien également parce qu'il s'en dégage quelque chose de rêveur, d'utopique, de naïf et généreux. C'est un bon petit film, bien dans son époque.

Trombi:
Michel Serrault:

Marina Vlady:

Jacqueline Danno:

Paul Préboist:

Jean-Roger Caussimon;

Lawrence Riesner:

Maurice Risch:

Henry Courseaux:

Jean Obé:

Marco Perrin:

Jean-Marie Proslier:

Karyn Balm:

Annie Kerani:

Chouki Schaeffer? et Nicole Norden:

Teddy Vrignault:

Jean Martinelli:

André Gaillard: (gauche):

Maurice Vamby;

Gérard Sire:

Jean-Claude Massoulier: (gauche)

Henri Vilbert:

Roger Lumont:

Jean-Pierre Barlier:

Sylvain Levignac:

Yvan Varco:

Henri Guégan:

Édith Ploquin:

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