mardi 26 avril 2016

Chaînes conjugales



1949

Titre original: A Letter to Three Wives
Titre francophone: Chaînes conjugales

Cinéaste: Joseph L. Mankiewicz
Comédiens: Jeanne Crain - Linda Darnell - Ann Sothern - Kirk Douglas

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd


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Critique datant d'avant 2009 et de la création de ce blog:

Revu il y a peu, je ne trouve rien à redire à ma première impression, que je peux publier sans retouche.

Je retrouve ici la délicieuse écriture de Mankiewicz. J'ai revu récemment l'extraordinaire All about Eve, somptueux bijou de subtilités et de dialogues sertis sur des comédiens hors-pair.
Dans ce film-ci, Mankiewicz se tourne vers le drame conjugal avec moins d'humour vachard et ironique ou du moins en l'affrontant de manière beaucoup moins directe. Le personnage joué par Kirk Douglas, frais et gai, a tout de même le verbe haut et la dentition dure pour la molle et fade engeance publicitaire (le discours du professeur sans le sou sur la mièvrerie des médias est on ne peut plus d'actualité encore et d'une puissance bien sentie).
Mais mis à part cet épisode, le film se révèle beaucoup plus doux dans sa manière d'aborder ses Desperate housewives. Dans leurs troubles angoisses, le cinéaste ne les laisse pas s'enfoncer cruellement. Point de moquerie violente.
Certes, Mankiewicz s'attaque ici aux hypocrisies sociales, à l'image du couple parfait, à ce qu'il est de bon ton de faire et surtout de paraître. Et le personnage central que l'on ne voit jamais mais qui règne en maître du jeu, cette Addie Ross figure l'aiguillon, le prétexte à nous immiscer dans l'introspection de ces trois femmes.
La première épouse (Jeanne Crain)
 doute d'elle même, de son intégration dans la petite ville en faisant le lien entre la société et son couple lui même.

Le deuxième (jouée par une Ann Sothern 
que je ne connaissais pas et qui m'a emballé) souffre de sa position sociale plus élevée que celle de son mari (Kirk Douglas).
 Ce couple permet à Mankiewicz de ridiculiser les arriérés sous-entendus sociaux et culturels qui pèsent sur les couples, les différentiels pesants, la place de la femme par rapport à son mari etc.

Le troisième couple donne à Linda Darnell
 un rôle très dense et émouvant, d'une femme qui épouse un porte-monnaie. Les deux mariés sont si conscients que leur mariage ressemble à un marché, qu'ils se convainquent d'en être les dupes réciproques. Lui est surtout persuadé qu'elle l'a mené là par le petit bout de la quéquette. Mankiewicz en profite, le coquin, à dépeindre frontalement en fin de compte un parfait exemple de prostitution conjugale, à laquelle la société incite insidieusement à certains égards.

Mais le regard de Mankiewicz n'est pas du tout noir, malgré tous les éléments corrosifs du scénario. Il parvient à donner une distance, un recul remarquable à son propos. Sur le fil du rasoir et du pathos, il se débrouille pour tisser une comédie romantique anticonformiste, un film très agréable à suivre et en même temps plein de sagesse et de clins d’œil finaud.

Trombi:

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