mercredi 18 janvier 2017

Milles vies valent mieux qu'une



2016

Titre : Milles vies valent mieux qu'une

Auteur: Jean-Paul Belmondo
Editeur: Fayard

Notice SC

-----------------


Je ne sais trop que penser, ou plutôt ressentir, mes sentiments étant confus à la fin de cette lecture. Jean-Paul Belmondo est pour moi une pierre angulaire dans ma cinéphilie. Il a représenté l’idole de mon enfance, celui pour qui j’étais capable de voir toute la filmographie, celui qui a fait de moi un inconditionnel, qui a construit mon lien organique et affectif au cinéma, mais sans doute plus encore une forme d’exemple, de modèle, de figure tutélaire de la masculinité à l’âge où j’en manquais. Aussi, mon rapport à ce comédien dépasse-t-il de beaucoup la seule connexion cinéphile : j’ai pour lui une affection particulière. C’est le cas pour beaucoup d’acteurs, d’actrices, de cinéastes, mais il est sans aucun doute sur la première marche du podium.

Avec l’âge, mon regard sur cet acteur s’est enrichi. J’ai gardé intacte cette affection puérile, mais je peux aujourd’hui porter une critique plus sévère. Et cet ouvrage ne manque de réveiller les petits bémols qui altèrent quelque peu une admiration autrefois aveugle de débordement.

Si je garde une indulgence amusée à l’égard du bonhomme, son obsessionnelle propension à chérir les blagues qu’il a faites ou subies finit par lasser ma lecture. Je préfère, et de loin, les anecdotes expliquant sa filmographie, ou bien encore ses épanchements émouvants sur les moments clés de sa vie d’acteur ou d’homme. Parfois, au cours de ma lecture, je me demande s’il ne raconte pas plus ses joyeuses anecdotes dont il est si fier au détriment de ses relations et de ses films proprement dits. De fait, au bout de l’énième narration de ses soirées délirantes dans les hôtels mis sans dessus dessous, je me lasse. Belmondo est un enfant, jusqu’au bout des vannes. Il faut en accepter l'évidente et absolue nécessité, celle qui en fait son essence, sa longévité peut-être aussi.

Reste un livre à la première personne, directe et sincère, comme on imagine l’homme. Ses démêlés avec la critique laissent également transparaître une sorte de juvénilité, un peu naïve, quelque chose qui vient du ventre et qui peut en tout cas constituer une clé pour comprendre le personnage et toute sa filmographie finalement, alors que le comédien a tellement fait pour les cinémas populaires et d’auteur, ce qui relève du mystère pour beaucoup.

Un homme attachant, un excellent comédien, une filmographie impressionnante, une vie de veinard, une autobiographie nécessaire, mais un brin décevante.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire